Accueil > Le blog de Cap Public > Quelles formations pour les cadres hospitaliers ?

Quelles formations pour les cadres hospitaliers ?

Dans le prolongement du rapport de la Mission « Cadres Hospitaliers » présidée en 2009 par Chantal de Singly (consulter le rapport : http://www.ladocumentationfrancaise.fr/rapports-publics/094000432/index.shtml), l’Inspection générale des affaires sociales a été chargée de mener une réflexion sur la formation de ces cadres.

La mission avait trois objectifs : tout d’abord étudier l’évolution à la fois qualitative et quantitative des besoins de formation professionnelle ; ensuite définir le schéma cible du dispositif de formation initiale et continue des cadres hospitaliers ; enfin proposer un plan d’action permettant d’assurer une transition, à moyen terme entre la situation actuelle et ce schéma cible, en précisant notamment les principaux jalons et le rôle des différents acteurs concernés.

Voir l’ensemble du rapport sur le site de la documentation française

Source :www.igas.gouv.fr

Synthèse

[1] Le double contexte de la réforme hospitalière et de la mise en place du nouveau dispositif
universitaire dit LMD (licence-master-doctorat) a profondément renouvelé l’enjeu, déjà sensible
depuis plusieurs années, des modalités de formation des cadres hospitaliers

[2] A la suite de la mission animée par Chantal de Singly en 2009, il s’agissait pour l’inspection
générale des affaires sociales (IGAS) de répondre à une commande visant à préciser plus avant les
besoins, pour chacune des catégories concernées, et les aspects pratiques d’une réforme rendue
complexe par un nombre important de dimensions complémentaires, ayant trait notamment à
l’organisation interne des hôpitaux.

[3] Sans pouvoir, bien entendu, procéder au même nombre d’auditions et de débats que la
mission de Chantal de Singly, dont ce fut l’un des apports méthodologiques essentiels, la présente
mission a néanmoins tenu à rencontrer les principaux acteurs concernés, gestionnaires, partenaires
sociaux et organisations professionnelles, autorités administratives et académiques ainsi que de
nombreux professionnels s’exprimant à titre individuel et sur leur lieu de travail. Auprès de tous,
elle a pu rencontrer une écoute attentive et bénéficier d’apports précieux, le plus souvent liés à
l’expression d’une forte attente de réponses venant des pouvoirs publics.

[4] Une part importante de la réflexion a été accordée aux cadres et cadres supérieurs de santé,
qui représentent et de loin, les effectifs les plus nombreux et dont la situation conditionne la plupart
des aspects de la réforme.

[5] L’analyse des besoins se révèle malaisée sur le plan quantitatif, faute de données
prévisionnelles toujours fiables, qu’il s’agisse des effectifs en poste ou de leurs perspectives de
renouvellement à trois/cinq ans. Compte tenu de l’ensemble des paramètres, la mission a toutefois
conclu à la relative stabilité des effectifs à former sur le moyen terme. Les agences régionales de
santé (ARS) devront à l’avenir davantage se préoccuper du suivi de ces données dans leur ressort,
en lien avec les établissements et les organismes de formation.

[6] En revanche, l’approche qualitative de ces besoins est bien davantage consensuelle et
converge autour de l’idée que le principal défi à relever pour les cadres hospitaliers est clairement
le management et l’ensemble des compétences ou savoir-faire que recouvre désormais cette notion,
dans les établissements de santé, surtout avec la mise en place des pôles.

[7] Après avoir examiné l’ensemble des variantes possible, la mission a estimé qu’une logique
d’organisation s’imposait autour du principe de « mastérisation » : les cadres devant suivre une
première année de formation reconnue par la validation de 60 crédits d’ECTS (système européen
de transfert et d’accumulation de crédits), les cadres supérieurs devant être titulaires du master
complet.

[8] Cette exigence de niveau n’a de sens que si elle s’articule dans un cadre homogène, en
l’occurrence celui du management des établissements de santé. Sur la base d’une réflexion relative
aux emplois et d’un référentiel de compétences, qui reste à affiner, le rapport propose quelques
axes structurants de cette future formation.

[9] Pour faire sens, une telle approche supposera d’établir des partenariats approfondis entre
instituts de formation des cadres de santé (IFCS) et établissements d’enseignement supérieur, déjà
largement en cours mais qui seraient désormais plus clairement orientés en termes de contenu. Une
démarche d’appel à projets, relevant d’un pilotage national de la part du ministère chargé de la
santé en lien avec le ministère en charge de l’enseignement supérieur, garantirait une sélectivité
suffisante sur la base de critères communs. L’Ecole nationale des hautes études en santé publique
(EHESP) serait conduite à servir de point d’appui à cette démarche. S’agissant des formations de
cadres supérieurs de santé, elle jouerait même un rôle plus actif, puisqu’une partie du cursus
s’effectuerait sous son égide.

[10] Pour les autres catégories de cadres, des progrès de même nature seraient introduits, soit
dans les contenus de formations initiales quand il en existe (attachés d’administration hospitalière
AAH), soit au titre des formations d’adaptation à l’emploi ou FAE (ingénieurs hospitaliers IH,
adjoints des cadres hospitaliers ACH, techniciens supérieurs hospitaliers TSH), encore largement
lacunaires.

[11] Sur un plan pratique, les IFCS verraient leur rôle élargi, avec une intervention plus résolue
en matière de formation continue, de sorte précisément à apporter une réponse concrète au besoin
de transversalité des formations entre ces différents types de cadres, voire même avec d’autres
responsables, y compris les directeurs et chefs de pôle. Devenant a priori des instituts régionaux du
management en santé (IRSM), ils s’inscriraient toutefois dans un réseau plus resserré, d’au plus un
institut par région dans un premier stade, pour des raisons de taille critique. Elle préconise qu’une
évaluation du nouveau système soit réalisée après quelques années de fonctionnement afin de
savoir s’il faut s’engager plus loin dans « l’universitarisation » ou maintenir un système mixte, à
faire évoluer le cas échéant.

[12] La mission estime que les surcoûts occasionnés par ses différentes préconisations devraient
rester très limités, surtout à l’aune des enjeux liés à de telles évolutions.

[13] Elle prévoit cependant une période de transition de trois à quatre ans, compte tenu de la
complexité des opérations à conduire, depuis la confection des programmes et l’organisation
pratique des « plates-formes » IFCS/établissement d’enseignement supérieur, jusqu’aux choix des
opérateurs et au début de restructuration du réseau actuel des IFCS.

[14] Un effort d’attention particulier devra être accordé au devenir des cadres de santé
formateurs, dont la mission estime indispensable de revoir en profondeur les modes de formation et
d’exercice, afin notamment de garantir des allers-retours beaucoup plus réguliers entre périodes
d’enseignement et fonctions opérationnelles